Mercredi 1 juillet 2015
Comme chaque année, le jour de notre prévu départ de Port Fréjus, on a l’air un peu surpris… Quoi ? C’est déjà là ? Mais on n’est pas tout à fait prêts… vite, vite, on se dépêche…
Le réveil qui sonne à 6 h du matin, une tonne de vaisselle nous attendant patiemment dans l’évier, après une petite soirée de la veille (non, mais quelle idée ? ), la barre du bateau égarée quelque part sur le pont au lieu de sa place habituelle… L’ambiance est plutôt électrique et il suffirait d’une petite étincelle pour transformer le premier jour de nos vacances en pire cauchemar.

Lion de Terre au petit matin
Nous sommes attendus au chantier naval de Santa Lucia à 8h pile, d’où le regard plein de consternation d’Olivier, qui nous voit larguer les amarres du port à 8h et quart… Et encore il faut que Patrick me laisse débarquer, pour suivre le bateau en voiture (sur la route bien sûr)… Mon mari n’est pas très attentionné en ce qui concerne la distance séparant le bateau du quai, et arrivé à peu près à un mètre du ponton il crie : « Saute ! ». Ouais, plus facile à dire qu’à faire, mais je réussi à atterrir saine et sauve et je cours avec tout mon équipement de travail (l’ordi 19 pouces pesant une tonne, l’appareil photo avec 3 objectifs et sac à main, qui pourrait être facilement confondu avec l’équipement d’endurance des RIMA ) pour rejoindre ma petite Swift. Et là, je découvre avec stupéfaction que notre chienne, Kiki, m’attend déjà tranquillement sur le parking. Je ne savait même pas qu’elle est descendue du bateau… Parent indigne que je suis…
On longe paisiblement la mer, toute calme, sans la moindre vague, et on savoure l’avant-goût des vacances. Si tout va bien, demain on partira pour sept longues semaines de vadrouille en Méditerranée… Il ne nous reste que le carénage…

Le petit paradis juste derrière le chantier
On arrive au chantier quelques minutes avant Patrick et on profite pour monter sur la colline en face du Lion de Terre pour s’imprégner de cette vue magnifique et apaisante de la Baie de Fréjus au petit matin. Notre Carpe Diem s’approche déjà de la darse et là, je viens de me rappeler, que j’ai oublié de redistribuer nos quelques malheureux pare-battages de deux cotés du bateau. J’essaie d’appeler Patrick sur son portable, mais je passe directement en messagerie, alors je cours telle une folle à travers du chantier pour l’avertir, avant que le bateau ne s’abîme contre les parois de la darse. Bonne nouvelle, j’aperçois du loin la tête blonde de Julie, qui a dû se réveiller pendant cette courte traversée. « Mets les pare-battages coté tribord » crie-je en roulant mes mains en trompette. Ma fille, les cheveux complètement en pétard, me regarde avec ses grand yeux étonnés, on basculant la tête d’un coté à l’autre, comme les petits chiens qu’on met sur la plage arrière de la voiture. Les employés du chantier commencent à rigoler « il semble qu’elle ne pas tout à fait réveillée, votre fille » C’est le moins qu’on puisse dire… Une fois le bateau stabilisé dans la darse (heureusement sans dégâts), Julie essaie de le quitter … pieds nus, en pyjama…
Quelques instants plus tard (pendant lesquels Julie a eu le temps de se débarbouiller le visage, laver les dents et mettre une jupette et un t-shirt), avec un bruit familier mais inquiétant en même temps, notre vieux Carpe Diem est soulevé dans les aires, et déplacé, telle une baleine suffocante à notre place, face à la mer. Ça y est, on peut commencer le travail. Perchés à quelques 3 mètres du sol, dans une chaleur quasi insoutenable, on passe en revue toutes les choses qu’il nous restent à faire ou à finir avant de quitter la terre fréjusienne. Et la liste est dangereusement longue, d’où sûrement les gentilles moqueries de nos amis : « Êtes-vous sûrs, de partir cette semaine ? »
Mais oui, on est sûr ! On y arrivera ! YES, WE CAN !
Eh ben, non… on n’arrive pas à partir ni le jeudi, ni même le vendredi, et même pour le samedi c’est un peu court. Mais ça, on ne le sait pas encore, et par cette matinée estivale du 1 juillet, on se met au boulot. En ce qui me concerne c’est assez simple : je ramasse mes affaires, mon enfant et mon chien (comme si je quittait le navire qui coule) et je repars vers Fréjus, pour quelques derniers rendez-vous avec mes clients. C’est du propre. Patrick pendant ce temps, reste au carénage et prend la tâche de préparer la sous-marine de notre bateau bien au sérieux : il enfile une magnifique combinaison blanche, envoyé directement du monde des Télétubbies, lui procurant l’allure bien sexy d’un bonhomme Michelin, et s’attaque à la peinture. En prenant toutes les précautions pour ne pas se salir (avec les beaux gants bleus), il oubli quand même de protéger ses pieds, et quand je reviens deux heures plus tard, au lieu de deux chaussures bleues, une est à moitié noire et l’autre à l’air d’avoir une varicelle… Adieu les chaussures de chez André…

Trouvez Charlie… ou plutôt Carpe Diem
Mais la peinture est quasiment fini. Je donne à Patrick un dernier petit coup de main, pour peaufiner les endroits difficilement accessible avec le rouleau, et je décolle le scotch. Ça y est ! Pour fêter cette bonne nouvelle on emmène Kiki prend un petit bain dans les eaux turquoises du Lion de Terre. Elle est tellement ravie, que couchée dans la crique avec l’eau jusqu’au menton, elle n’a pas envie de bouger. Son bonheur est à son comble quand une heure après, pour se sécher, elle s’essuie sur le sol crasseux de l’aire de carénage… Essayant de ressembler à son maître, notre chienne rajeunit en un clin d’œil de 10 ans , avec son museau noir d’antifouling… On ne peut pas la ramener à l’hôtel dans cet état là, du coup on la re-baigne mais elle s’essuie à nouveau dans la poussière noire du chantier. Au bout de trois fois, je la fais s’asseoir devant l’entrée du chantier, avec Julie comme gardienne et je pars vite ramasser quelques affaires avant de quitter notre navire pour la nuit. Le temps que j’ ouvre les portières de la voiture, Kiki se faufile entre nos jambes et se frotte son flanc droit par terre… Quelle journée…

Le bonheur de Kiki
2 Comments
Vous etes magnifiques tous les trois. De plus, le récit, l’écriture d’Ewa nous transportent sur votre voilier et nous, voici, enfin partant dans l’inconnu. Merci pour ce voyage auquel nous participons des reves plein la tete et de la tendresse plein le coeur.
Oyez, bonnes gens; bon voyage au long. cours
Nous vous aimons. Danielle
ous sommes déjà sur pied avec vous.
Merci Danielle, ton commentaire nous touche énormément. Nous vous embrassons tous les deux très fort et nous vous disons à bientôt. <3 <3 <3